Des chercheurs du centre rituel néolithique ont découvert des fragments de crânes trouvés sur le site archéologique de Göbekli Tepe découvert dans les années 90 et surnommé « le plus vieux temple du monde », près de la frontière entre la Turquie et la Syrie. Cette découverte montre que certaines formes de cérémonies mortuaires telle que le culte des cranes auraient existé dans l’histoire humaine beaucoup plus tôt qu’on ne le croyait jusqu’ici. Cette découverte, publiée dans le journal Science Advances, fait reculer de 1500 ans l’apparition de ce type de culte dans cette région du monde.
Quelques exemples des cultes dans le monde
Les cultes des crânes chez les Bamilékés
En pays bamiléké dans l’Ouest Cameroun, « les morts ne sont pas morts ». D’après eux, les morts sont bel et bien vivants, et du monde spirituel et veillent sur leurs proches et descendants encore sur terre. Le lien entre les vivants et leurs ancêtres est entretenu à travers le culte des cranes. Des années après les obsèques, un rite est accompli afin de déterrer le crâne du défunt. Il est ensuite placé dans un coin sacré de la maison où, les membres de la famille pourraient s’y recueillir avec des cadeaux symboliques tels que de l’huile, du sel pour dire leurs prières d’intercession aux crânes.Le culte des crânes et les religions
En 1969, l’archevêque de Naples en Italie, le cardinal Corrado Ursi, interdit le culte même s’il résonne encore aujourd’hui.
Dans la ville, il existe une petite église d’ossements : la Santa Maria delle Anime del Purgatorio ad Arco (Sainte Marie des Âmes du Purgatoire). Un lieu de mystère et de culte, une émanation du culte napolitain des morts. Les défenseurs du culte rendraient hommage à ceux qui manquaient dans la vie, ou qui avaient été trop pauvres pour avoir un enterrement convenable.
Le culte napolitain du crâne, centré sur le cimetière et l’ossuaire de la Fontanelle, était particulièrement populaire auprès des femmes âgées, des veuves et des personnes ayant peu de famille. Les crânes étaient nettoyés avec de l’alcool et placés dans des sanctuaires ou des boîtes en marbre.
L’Église s’est oppose à ce genre de culte au motif que seuls les saints peuvent communiquer avec Dieu pour obtenir une intervention ou un miracle.
Le culte des crânes pour la musique et la méditation
Les recherches archéologiques ont démontré que, os et les crânes humains et animaux ont longtemps été associés aux instruments de musique.
Les flûtes en os de grue à couronne rouge trouvées dans la province du Henan, en Chine sont les plus anciens instruments jouables au monde. Ils remontent à 7 500 à 9 000 ans. Dans les royaumes Ashanti au Ghana et en Côte d’Ivoire, les crânes de guerriers tués étaient suspendus sur des tambours royaux
Le tambour à deux têtes utilisées dans l’hindouisme et le bouddhisme tibétain est l’instrument sacré connu sous le nom de damru
Il est utilisé lors des rituels de méditation tels que « Chod », un type de pratique de méditation pour couper à travers l’ego. Le crâne représente le bonheur, l’impermanence et l’union, où l’union est personnifiée en utilisant les crânes d’un garçon et d’une fille.
Le V&A Museum possède un extraordinaire tambour tibétain du XIXe siècle, fait de crânes humains.
Le culte des cranes à l’air moderne
En 2016 avant des manifestations politiques de la candidate présidentielle Maryse Narcisse en Haïti, ses partisans ont brandi des crânes et des ossements humains durant une cérémonie vaudou, peut-être pour contrer les policiers qui les attendaient portant des masques de crâne.
En mars 2017, des agriculteurs du Tamil Nadu, en Inde, ont apporté des crânes lors de manifestations et de réunions avec des ministres en signe de désespoir. Ces crânes appartenaient à des agriculteurs qui s’étaient suicidés.
Le culte des crânes : un héritage encombrant de la colonisation
Durant la période coloniale, des collectionneurs européens (collectionneurs officiels, des missionnaires et des administrateurs coloniaux) ont emporté des restes humains dans les colonies africaines. Très souvent sans le consentement préalable allant parfois jusqu’à la profanation des sépultures. Il y avait une véritable « manie de collectionner » à cette époque
Des milliers de restes humains envoyés à Berlin dans le cadre des études anthropologiques, quelque 5 500 restes humains des collections de Luschan existent toujours. Ils appartiennent désormais à la Fondation du patrimoine culturel prussien, qui gère un certain nombre de musées, d’archives et de bibliothèques en Allemagne.
Fascinants et repoussants, morts mais vivants avec ces grandes orbites remplies d’ombre et ce rictus sans fin, le crâne a différentes significations talismaniques dans toutes les cultures du monde.