Où vaut-il mieux être manager ou entrepreneur en Afrique : plutôt dans la zone anglophone ou dans la partie francophone ? Cette dernière serait-elle, comme on l’entend souvent, synonyme de décrochage, alors qu’Afrique anglophone rimerait avec décollage ? Pas si simple.
Les héritages de la colonisation sont aussi clairement différents. « Les pays d’Afrique anglophone ont été mieux préparés à prendre leur élan au moment de la décolonisation, notamment en matière de gestion des affaires publiques ou d’éducation », note Paul Mercier, directeur de Michael Page Africa, cabinet de recrutement de cadres et de dirigeants. Conséquence : « Le monde anglo-saxon est plus sécurisant pour les entreprises du fait de son système administratif, éducatif et de gouvernement. Les bases sont solides. » En outre, « à l’origine, le système éducatif en Afrique francophone a été conçu pour former des fonctionnaires », rappelle Paul Mercier. D’autre part, le droit anglo-saxon, plus souple et plus pragmatique, bref plus business-friendly, est également plus séduisant pour les investisseurs. « Globalement, la France a fait un copier-coller de son système, alors que les anglophones ont, pour gouverner, appliqué la loi indirecte, en gardant des structures locales », note Jacques Manlay, président de la commission Afrique anglophone au Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN). D’autre part, les pays francophones restent biberonnés par la France, alors que les liens commerciaux des pays anglophones sont nettement plus diversifiés.
Des nuances à prendre en compte
Jean-Michel Lobet, spécialiste du développement du secteur privé à la Banque mondiale et coauteur du rapport Doing Business 2014, dont la onzième édition a été rendue publique le 29 octobre dernier, se montre plus nuancé : « Les pays de l’Afrique de l’Est réforment plus rapidement que ceux de l’Ouest, mais ces derniers s’y mettent. La Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus réformateurs au monde. » Bref, la meilleure performance des pays anglophones tiendrait au fait qu’ils ont réformé plus tôt et davantage. Aujourd’hui, un vent de changement souffle globalement sur l’Afrique, même si le climat des affaires reste complexe et difficile. Illustration : alors qu’il y a dix ans, seul un tiers des gouvernements mettaient en place des réformes impactant les entreprises, les deux tiers sont désormais dans ce cas. Le Rwanda est le pays africain qui a le plus progressé en dix ans. Il est, cette année, au 32e rang mondial du classement Doing Business. « Par exemple, il faut seulement deux jours pour monter sa société à Kigali, soit le même délai qu’à New York », précise Jean-Michel Lobet.
Langue et culture
Trouver une nouvelle approche
